nov 2025
Norme ISO 50001 bientôt obligatoire, une nécessité imposée par de multiples crises
L'Organisation météorologique mondiale (OMM) a confirmé en janvier 2025 que l'année 2024 a été la plus chaude jamais enregistrée, atteignant +1,55°C (±0,13°C) par rapport à la période préindustrielle. Pour la première fois, une année civile complète a dépassé le seuil symbolique de +1,5°C fixé par les accords de Paris, confirmant l'accélération du réchauffement climatique.
Introduction
les guerres, notamment celle menée par la Russie contre l’Ukraine, ont mis en évidence la dépendance des pays de l’Union Européenne vis-à-vis des énergies fossiles et ont traduit une évidence : l'optimisation énergétique représente une des solutions les plus efficaces et rentables pour maîtriser ses coûts et renforcer son indépendance énergétique.
Lancée dès 2021, l’initiative communautaire Fit for 55 qui vise à réduire de 55 % d’ici 2030 les émissions de gaz à effet de serre par rapport au niveau de 1990 s’est inscrite dans ce contexte et se concrétise par des renforcements réglementaires. La Directive européenne sur l’Efficacité Energétique (DEE) émise en octobre 2023 fixe, en effet, aux Etats membres des objectifs encore plus ambitieux pour aboutir à une réduction supplémentaire de la consommation finale d’énergie de 11,7% en comparaison avec les anciens objectifs.
Pour y parvenir, la Directive prévoit notamment l’obligation pour certaines grandes entreprises de mettre en place un Système de Management de l'Énergie (SME) conforme à la norme ISO 50001, déjà présentée dans un de nos précédents articles : Tout savoir sur la norme ISO 50001.
En France, cette Directive a été rapidement transposée par la loi DDADUE (loi portant diverses dispositions d'adaptation au droit de l'Union européenne) adoptée en mai 2025, qui marque un tournant décisif dans notre politique énergétique nationale.
Graphique de la Commission Européenne décrivant l'évolution des économies d'énergie attendues d'ici 2030 (Base 1990) - Octobre 2023
Source : Commission Européenne
*La consommation primaire est la demande totale en énergie
**La consommation finale est la quantité d'énergie réellement consommée par les utilisateurs finaux
Norme ISO 50001 obligatoire, pour qui et à partir de quand ?
La démarche pour atteindre des objectifs de réduction de la consommation d'énergie est standardisée via la mise en place d’un Système de Management de l'Énergie (SME) conforme à la norme ISO 50001. Celle-ci s'est d'ailleurs enrichie depuis février 2024 d'un amendement qui impose désormais aux organisations de prendre en compte les enjeux liés aux changements climatiques, renforçant ainsi l'approche globale de la performance énergétique et environnementale.
Avec le durcissement des objectifs de réduction de la consommation énergétique, la norme ISO 50001 devient un passage obligé pour nombre d’acteurs économiques. Alors qu'entre 2012 et 2023, les entreprises de 250 salariés ou plus n'étaient tenues de réaliser qu'un audit énergétique actualisable tous les 4 ans, la DEE via sa transposition française va plus loin. Elle marque un changement de logique en passant de critères basés sur la taille de l'entreprise à des critères fondés sur l'électro-intensité, et introduit l'obligation dans certains cas de mettre en œuvre un SME conforme à la norme ISO 50001 :
Critères et Obligations à la mise en place de la norme ISO 50001
Source : Lettre d'information "Certificats d'Economie d'Energie" - Ministère de la Transition Energétique - Mars 2023
La mise en œuvre obligatoire d’un SME, via des outils comme l’Iboard de Datanumia, concernera donc les entreprises consommant en moyenne sur les 3 dernières années plus de 23,6 GWh d’énergie par an, et ce, à partir du mois d’octobre 2027.
Il s’agira notamment des grandes entreprises du transport et de l’industrie, les deux secteurs les plus énergivores (hors résidentiel) en France :
Consommation énergétique finale par secteur en France en 2024
Source : Chiffres clés de l’Énergie 2025 - Ministère de la Transition Énergétique
Les SME, outils de pilotage et d’aide à la décision entrant dans la démarche portée par la norme ISO 50001
À travers l’obligation de mise en place des SME, les consommateurs concernés par la DEE seront donc contraints de piloter attentivement, dans une démarche d’amélioration continue (au cœur de la norme ISO 50001), la réduction de leurs consommations énergétiques en :
- Élaborant une politique pour une utilisation plus efficace de l’énergie
- Définissant des cibles et des objectifs pour mettre en œuvre cette politique
- Réunissant des données pour mieux connaître l’usage énergétique, et prenant les décisions en conséquence
- Mettant concrètement en place les actions de réduction de la consommation énergétique afin d’atteindre les cibles et objectifs fixés
- Évaluant les résultats obtenus
- Examinant l’efficacité de la politique
- Améliorant le management de l’énergie en continu
- Intégrant systématiquement les enjeux climatiques dans cette démarche.
La loi DDADUE ajoute une nouvelle dimension de transparence puisque les entreprises doivent désormais formaliser et rendre public annuellement un plan d'action détaillé, justifiant notamment pourquoi certaines mesures d'économie d'énergie ne sont pas retenues, particulièrement si leur temps de retour sur investissement est inférieur à 5 ans.
La démarche ISO 50001 répond aux objectifs de réduction durable des consommations d’énergie
La démarche ISO 50001 a fait ses preuves et semble répondre aux objectifs fixés par une majorité des organisations (entreprises et/ou administrations) qui l’ont mise en place. Une étude de l’AFNOR datant de 2019 indiquait que 54% des entreprises certifiées perçoivent un retour sur investissement supérieur ou en phase avec leurs estimations initiales. L'édition 2024 de cette étude, menée auprès de 486 organismes, confirme et amplifie ces résultats positifs puisque les organisations réalisent en moyenne 20% d'économies sur leurs factures énergétiques annuelles, avec un amortissement des investissements sur seulement 3 à 4 ans.
Les bénéfices identifiés par les entreprises ont également évolué entre 2019 et 2024 :
- La sobriété énergétique est devenue le premier bénéfice cité, reflétant le changement de paradigme post-crise énergétique ;
- L'identification des gisements d'économies reste cruciale (89% des répondants) ;
- La capacité à progresser sur la durée s'affirme (88% des répondants) ;
- La priorisation des actions stratégiques demeure essentielle (76% des répondants) ;
- La structuration de la transition énergétique et de la décarbonation émerge comme un nouvel enjeu majeur
A titre d’exemple, une célèbre chaîne hôtelière indique avoir réalisé d’importantes économies en réduisant son intensité énergétique de 20,6% et son intensité carbone de 30% depuis 2008. Surtout, elle communique par la voix de son vice-président sur le changement de paradigme que le passage à la norme ISO 50001 a entraîné au sein du groupe : “Depuis la mise en œuvre de la norme [ISO 50001], le management de l’énergie reste une préoccupation centrale pour notre Direction et nous continuons à chercher des opportunités pour améliorer encore nos performances.”
Les défis de l’adoption d’ISO 50001
Il apparaît clairement que l’adoption de la norme ISO 50001 est fortement avantageuse. L’objectif global est néanmoins ambitieux, et les défis pour entrer dans les standards ISO 50001 sont d’ampleur :
- Comprendre la complexité des processus industriels en les découpant pour identifier où il est pertinent de placer une zone de mesure et identifier où réaliser des économies d’énergie.
- Faire face à des investissements financiers potentiellement importants. La maîtrise de sa consommation énergétique demande de mesurer à différents points du processus industriel la consommation via des capteurs, des systèmes de contrôle automatisés ou d’outils logiciels coûteux. Pour soutenir les entreprises, le dispositif PRO-SMEn permettait d'octroyer jusqu'à 40 000€ d'aide (soit 20% des dépenses énergétiques annuelles), mais ce programme est temporairement suspendu depuis juillet 2025 à la suite d’un afflux massif de demandes.
- Former les responsables opérations, achats ou RSE aux enjeux de performance énergétique de l’entreprise et à l’utilisation des nouveaux outils de management de l’énergie.
- Embarquer celles et ceux qui composent l’entreprise dans le changement en les sensibilisant à la nécessité de réduire la consommation énergétique et en les formant, lorsque cela s’avère nécessaire, à de nouvelles routines de travail ou gestes techniques induits par la réduction de la consommation énergétique.
Cependant, ces défis ne sont pas un frein insurmontable à l’adoption de la norme ISO 50001 qui gagne année après année du terrain en étant adoptée par un nombre croissant d’acteurs économiques, même s’ils ne sont pas tous concernés par l’obligation de mise en place d’un SME. Fin 2022, plus de 1 000 organisations étaient certifiées ISO 50001 en France, dont 437 avaient bénéficié de la subvention PRO-SMEn.
Perspectives d’avenir et évolutions des réglementations énergétiques
La nécessaire adaptation au changement climatique va imposer des évolutions drastiques dans le pilotage de l’énergie, rendu obligatoire par des réglementations énergétiques de plus en plus contraignantes. L’objectif principal étant d’accélérer la transition vers des énergies plus propres et davantage de sobriété énergétique.
Ainsi, tout en visant la neutralité carbone à l’horizon 2050, l’Europe s’est désormais fixé un objectif intermédiaire encore plus ambitieux : réduire ses émissions de 90 % d’ici 2040. Et si les investissements dans les sources d’énergie décarbonées telles que l’éolien ou le solaire sont un des principaux leviers pour atteindre ces objectifs, le renforcement de l’efficacité énergétique (notamment des bâtiments) en est un autre.
Pour les entreprises privées, le calendrier réglementaire s'accélère :
- 1er octobre 2025 : Date limite d'inscription au PRO-SMEn pour les entreprises > 23,6 GWh/an (dispositif actuellement suspendu) ;
- 11 octobre 2026 : Début de l'obligation d'audit énergétique quadriennal pour les entreprises > 2,75 GWh/an ;
- 11 octobre 2027 : Entrée en vigueur de l'obligation de certification ISO 50001 pour les entreprises > 23,6 GWh/an ;
- 31 décembre 2027 : Date limite d'inscription au PRO-SMEn pour les autres entreprises.
La norme ISO 50001 s'impose ainsi comme un jalon incontournable de l’efficacité énergétique. Selon l'étude AFNOR 2024, 77% des entreprises s'y engagent désormais pour répondre aux exigences réglementaires, mais aussi, de plus en plus, dans le cadre d'une stratégie bas-carbone volontaire et assumée. Cette évolution marque le passage d'une contrainte réglementaire à une opportunité stratégique de transformation durable.
Pour les accompagner, Datanumia développe des solutions sur mesure. A travers son iBoard qui facilite l’accès à la visualisation des données de consommation, ses Energy Managers certifiés IPMVP, et ses solutions évolutives, Datanumia donne toutes les clés pour atteindre l’efficacité énergétique
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