sep 2024
Comparatif du marché de l'énergie entre la France et l'Italie : enjeux et perspectives
Le marché de l’énergie est actuellement au centre des préoccupations économiques et écologiques mondiales, notamment en Europe où la transition énergétique et la réduction des émissions de CO2 jouent un rôle déterminant. Dans ce contexte, la France et l’Italie, deux des principales économies du continent, suivent des stratégies différentes pour garantir leur approvisionnement énergétique, et atteindre les objectifs de décarbonation fixés par l'Union Européenne.
Introduction
À l’approche du forum Enlit Europe à Milan, où seront discutés les grands défis du futur énergétique, cet article propose une analyse comparative des marchés de l’énergie en France et en Italie. Datanumia, acteur engagé dans la transition énergétique, participe à cet événement clé en s'intéressant aux enjeux cruciaux pour construire une Europe plus verte et durable.
Des dynamiques de marché historiques similaires
Les marchés de l’énergie français et italien partagent une histoire commune marquée par la nationalisation de leurs infrastructures énergétiques après la Seconde Guerre mondiale. Pendant plusieurs décennies, les deux pays ont maintenu un contrôle étroit des prix et de la production à travers des entreprises d’État.
À partir des années 2000, sous l’impulsion de l’Union européenne, la libéralisation du marché a transformé ce secteur en ouvrant la porte à une concurrence accrue. De nouveaux fournisseurs sont apparus, diversifiant davantage les offres et les options pour les consommateurs.
Des acteurs énergétiques puissants
Bien que la libéralisation des marchés ait ouvert la voie à une plus grande concurrence, les secteurs de l'énergie en France et en Italie restent largement dominés par des acteurs historiques.
En France, EDF et Engie conservent des positions dominantes. EDF s’appuie principalement sur son parc de centrales nucléaires pour maintenir son leadership, tandis qu’Engie se distingue par son expertise dans le gaz naturel et les énergies renouvelables. Il est intéressant de noter qu'EDF est également un acteur clé en Italie via sa filiale Edison, qui se concentre sur des projets d’énergies renouvelables, en particulier l’éolien et le solaire.
En Italie, les leaders sont Enel et Eni. Enel est le premier producteur d’électricité et s'investit massivement dans le développement des énergies renouvelables. Eni, quant à lui, reste une référence mondiale dans le secteur du gaz naturel. Ce dernier est d’ailleurs un fournisseur alternatif important en France, ce qui illustre l’interdépendance énergétique des deux pays.
Mix énergétique : des choix stratégiques contraires
L'une des principales différences entre les marchés français et italien réside dans leur mix énergétique. En France, l’énergie nucléaire joue un rôle prédominant, représentant environ 65 % de la production électrique. Ce choix stratégique, initié dans les années 1970, permet au pays de maintenir un taux d'émissions de CO2 parmi les plus bas d'Europe par kilowattheure produit. L'enjeu pour la France est de renforcer son mix énergétique décarboné en combinant le nucléaire avec davantage d’énergies renouvelables, qui représentent déjà environ 26 % de la production d’électricité en 2022.
De son côté, l’Italie, après avoir cessé la production d’énergie nucléaire en 1987 à la suite de la catastrophe de Tchernobyl, dépend fortement des énergies fossiles, avec le gaz naturel qui représente 40 % de son mix énergétique, suivi du pétrole à 35 %. Cette situation rend le pays vulnérable aux fluctuations des marchés internationaux et renforce sa dépendance aux importations d’énergie, qui représentaient près de 80 % de la consommation nationale en 2021. Face à ces défis, l’Italie s’est fixé un objectif ambitieux : augmenter significativement la part des énergies renouvelables, en visant 63 % de la production d’électricité d'ici 2030. Pour y parvenir, elle mise historiquement sur l’hydroélectricité, et exploite de plus en plus son potentiel solaire et éolien.
Le mix de l’approvisionnement énergétique italien en 2022
Capacités d’énergies renouvelables installées en Italie par mode de production en 2022
Des prix plus élevés et plus volatils en Italie
La structure tarifaire varie également entre la France et l'Italie. En France, l’abondance d’électricité produite par le nucléaire permet de maintenir des prix historiquement bas. Le tarif réglementé fixé par l’État continue de servir de référence, offrant une certaine stabilité aux consommateurs. En 2023, le prix moyen de l’électricité pour les ménages s’élevait à 23,17 c€/kWh, aligné sur ce tarif réglementé.
En Italie, les prix de l’énergie sont plus élevés et surtout plus volatils, en raison de la forte dépendance aux importations. En 2023, le tarif moyen de l’électricité pour les ménages était de 37,82 c€/kWh. Cette volatilité s'explique principalement par les fluctuations des prix du gaz sur les marchés internationaux, notamment liées aux crises géopolitiques qui peuvent déstabiliser les chaînes d'approvisionnement. L’autorité italienne de régulation (ARERA) fait ainsi face à des difficultés pour maîtriser les tarifs, ce qui fait peser un risque sur les consommateurs.
Prix de l’électricité en 2023 (en centimes d’euro par kilowattheure)
Des populations similaires, des consommations différentes
Malgré des populations similaires, environ 68 millions d’habitants en France et 60 millions en Italie, les consommations énergétiques des deux pays diffèrent notablement. En 2022, la France a consommé 224,4 millions de tonnes équivalent pétrole (Mtep), tandis que l'Italie en consommait 145,3 Mtep, soit environ 55% de moins. Cette disparité s’explique en grande partie par la prépondérance de l’électricité dans le mix énergétique français, alimentée par la production nucléaire, tandis que l’Italie s’appuie encore beaucoup sur les énergies fossiles, plus efficaces mais aussi plus polluantes. Ainsi, la France se classe comme le deuxième pays le plus énergivore en Europe, juste derrière l’Allemagne, alors que l'Italie occupe la quatrième place après le Royaume-Uni.
En revanche, le bilan carbone de la France est plus favorable grâce à son mix énergétique moins polluant. En 2022, la France émettait environ 4,7 tonnes de CO2 par habitant, contre 5,5 tonnes en Italie. Ce différentiel est un avantage pour la France, qui progresse plus rapidement vers les objectifs de neutralité carbone fixés par l’Union européenne.
France :
- Consommation énergétique (en tonne équivalent pétrole par habitant) : 3,3
- Emission de CO2 (en tonne par habitant) : 4,7
Italie :
- Consommation énergétique (en tonne équivalent pétrole par habitant) : 2,4
- Emission de CO2 (en tonne par habitant) : 5,5
Conclusion : Vers un objectif commun
En dépit de leurs divergences, la France et l’Italie partagent des ambitions similaires en matière de transition énergétique. Le forum Enlit Europe, qui se tiendra à Milan en octobre 2024, sera une plateforme clé pour discuter de ces enjeux et renforcer la coopération européenne. Les deux pays devront conjuguer leurs efforts pour accélérer la transition vers un mix décarboné, tout en renforçant la résilience de leurs systèmes énergétiques respectifs et en encourageant activement la sobriété.
Datanumia, en tant que partenaire de premier plan, s’engage à accompagner ces transformations en proposant aux fournisseurs d’énergie des outils performants. Notre offre résidentielle, "Home," est la plateforme de suivi de consommation client, la plus complète du marché permettant aux fournisseurs d'énergie d'accompagner les clients particuliers dans la compréhension et la maîtrise de leur consommation d'énergie, tout en contribuant à la réduction de leur empreinte carbone.