sep 2024

Transition énergétique des banques : un double enjeu d’économies d’énergie, en interne et pour leurs clients.

Face à l'urgence climatique et aux obligations réglementaires, le secteur bancaire se retrouve en première ligne pour contribuer à la transition énergétique. Les banques ne sont plus seulement des acteurs financiers, elles peuvent aussi jouer un rôle clé en réduisant leur propre empreinte énergétique tout en accompagnant leurs clients, entreprises et particuliers, dans cette même voie. Comment les banques peuvent-elles s'attaquer à leur propre consommation d'énergie et faciliter la transition énergétique de leurs clients  ?

Image illustrant un quartier financier

Contexte réglementaire et responsabilité des banques dans la transition énergétique

La transition énergétique est devenue un impératif pour tous les secteurs. En Europe, le Pacte vert européen et les objectifs de réduction de 55 % des émissions de CO2 d'ici 2030 imposent des mesures strictes aux entreprises, y compris les banques. Celles-ci doivent non seulement veiller à leur propre efficacité énergétique mais aussi encourager leurs clients à adopter des pratiques plus durables. 

Les banques européennes sont également soumises à des normes telles que la Taxonomie verte de l'UE, qui détermine quels investissements sont considérés comme durables. Ces règles exigent une transparence accrue des investissements en faveur de la transition écologique.  

Plus largement, les obligations de reporting extra-financier dans le cadre de la Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE), en particulier la Corporate Sustainability Reporting Directive (CSRD), exigent des banques qu'elles publient des informations sur leurs pratiques en matière de développement durable, y compris les émissions de CO2 liées à leur consommation énergétique. 

Pour soutenir ces efforts, l’Organisation des Nations Unies a créé la Net-Zero Banking Alliance (NZBA). Cette initiative engage les banques à atteindre la neutralité carbone d'ici 2050 en alignant investissements et prêts sur cet objectif. Les banques doivent ainsi réduire leur consommation énergétique et encourager clients et entreprises à adopter des pratiques durables, notamment via des financements axés sur la transition énergétique. Un exemple d'action concrète de la NZBA est l'engagement de certaines banques à cesser de financer de nouveaux projets liés aux énergies fossiles et à augmenter leur soutien financier aux énergies renouvelables. 

Concernant leurs propres bâtiments, les banques françaises sont aussi soumises au décret tertiaire qui impose le calcul et la communication à l’ADEME des consommations énergétiques des bâtiments de plus de 1000m², ainsi qu’un plan de réduction de la consommation. Cette réglementation peut concerner notamment leurs bureaux ou leurs centres d’exploitation informatique 

De plus, certaines réglementations énergétiques imposées à d’autres secteurs impactent aussi les banques. C’est le cas par exemple en France avec les réglementations interdisant la location des logements énergivores, ce qui a effet direct sur la solvabilité de certains clients des établissements bancaires. En effet, un propriétaire d’un logement mal classé sur le plan énergétique pourrait voir sa capacité à louer ou vendre son bien diminuer, augmentant ainsi le risque pour les banques. 

Inversement, la réglementation offre aussi de nouvelles opportunités aux acteurs bancaires. En effet, les besoins de financements pour la transition énergétique des entreprises et des particuliers représentent une nouvelle branche d’activité des établissements bancaires. Ils développent ainsi de nouveaux produits et services adaptés aux projets de rénovation énergétique des bâtiments ou au financement de nouveaux équipements.  

Enfin, le déploiement généralisé des compteurs communicants dans toute l'Europe permet aux banques d'accompagner leurs clients dans la gestion de leur consommation d’énergie, en les aidant à mieux comprendre et optimiser leurs dépenses énergétiques.  

Consommation énergétique du secteur bancaire : état des lieux et défis prioritaires

Bien que les banques ne soient pas les plus grandes consommatrices d’énergie comparées à d'autres industries, leur consommation n'est pas négligeable. Selon une étude de la Banque d’Angleterre publiée en 2021, une agence bancaire consomme en moyenne 350 kWh par m² annuellement, ce qui peut représenter jusqu'à 20 % des dépenses d'exploitation des établissements bancaires. Malgré des différences dans la consommation énergétique entre la France et le Royaume-Unis, les ordres de grandeurs sont sensiblement les mêmes.  

Les principaux postes de consommation énergétique dans le secteur bancaire sont : 

  • Les agences bancaires et leurs infrastructures : éclairage, climatisation, chauffage. 
  • Les datacenters : ces infrastructures numériques, essentielles au fonctionnement des banques modernes, sont très énergivores. 

Ces deux types de bâtiments sont très différents. Les agences bancaires consomment relativement peu d’énergie mais sont souvent très nombreuses sur le territoire et représentent donc au global de lourdes charges. Inversement les datacenters sont très localisés mais aussi très énergivores, notamment pour assurer le refroidissement des serveurs informatiques.  

Les banques doivent donc identifier des leviers de réduction énergétiques adaptés à ces deux profils de consommation. Cela passe notamment par l’amélioration de l’efficacité énergétique de leurs bâtiments et infrastructures et un meilleur pilotage de leur consommation. 

Optimisation énergétique des agences bancaires et datacenters

Les banques disposent en effet de plusieurs moyens pour optimiser la gestion énergétique de leurs agences et datacenters. L'enjeu est de réduire leur consommation tout en garantissant le confort et la sécurité des lieux. 

  • Modernisation des agences : de nombreuses agences bancaires en Europe ont déjà entamé des travaux de rénovation énergétique en remplaçant les équipements énergivores par des solutions plus efficaces comme les éclairages LED et en installant des thermostats intelligents. L'isolation thermique des bâtiments, souvent négligée, est aussi un axe important de réduction des pertes énergétiques. 
  • Green Datacenters : la transition vers des datacenters verts avec l'adoption de services de cloud computing alimentés par des énergies renouvelables peut également réduire l'empreinte carbone des banques. En optimisant l’utilisation des serveurs et en recourant à des solutions de virtualisation, il est possible de diminuer la consommation énergétique de ces infrastructures tout en assurant la continuité des services numériques. 
  • Suivi et pilotage de la consommation énergétique : en ayant une meilleure connaissance de l’énergie consommée à chaque instant, dans chaque bâtiment et pour chaque usage (chauffage et climatisation, éclairage, eau chaude, équipements informatiques, …), les banques peuvent facilement identifier des postes d’économie d’énergie et ainsi modifier leurs habitudes et changer et piloter leurs équipements pour faire baisser leurs factures énergétiques. 

Ces optimisations s’inscrivent dans une démarche globale de management énergétique, contribuant à la réduction des coûts opérationnels des banques et à l'amélioration de leur performance énergétique.  

La norme ISO 50001 permet d’assurer la mise en place d’un système d’Energy Management permettant d’atteindre ces économies. L’iBoard de Datanumia contribue à cette démarche en apportant une vue complète de la consommation énergétique des bâtiments et en facilitant la mise en place d’un plan d’action. 

Soutenir les clients dans la transition énergétique : outils et incitations

Outre la réduction de leur propre consommation, les banques peuvent aussi accompagner leurs clients vers une réduction et un meilleur pilotage de leur consommation énergétique. Les leviers d’action sont nombreux : 

  • Prêts pour la rénovation énergétique : De nombreuses banques proposent des financements avantageux pour encourager les travaux de rénovation énergétique, comme l’isolation ou le remplacement des portes et fenêtres. Ces offres permettent aux entreprises comme aux particuliers d’améliorer la performance énergétique de leurs bâtiments tout en augmentant la valeur de leur bien. En France, les particuliers ont notamment accès à l’éco-prêt à taux zéro (ou éco-PTZ) 
  • Aux Pays-Bas et en Allemagne, des incitations telles que les prêts hypothécaires verts encouragent les clients à réaliser des travaux d’efficacité énergétique en leur donnant accès à des taux avantageux, un modèle que les banques d’autres pays européens pourraient suivre pour favoriser la transition énergétique de leurs clients. 
  • Électrification des usages : Les banques peuvent aussi offrir des solutions de financement pour l’acquisition de véhicules électriques, l'installation de bornes de recharge à domicile et au bureau, ou l’installation de panneaux solaires, réduisant ainsi les factures énergétiques et les émissions de CO2 de leurs clients. 

Les banques européennes sont de plus en plus encouragées à intégrer ces outils dans leurs offres pour apporter une réponse aux difficultés de financement des particuliers et des entreprises et les aider à faire face à la hausse des prix de l’énergie. 

A lire aussi : Comment les bailleurs sociaux accompagnent les foyers précaires autour de leur consommation énergétique 

Le rôle des partenariats technologiques dans la valorisation des données énergétiques

Les fournisseurs de solution comme Datanumia sont devenus un levier important pour les banques souhaitant s’engager davantage dans la transition énergétique. En collaborant avec des entreprises spécialisées dans la valorisation des données de consommation énergétique, les banques peuvent en effet apporter des informations et conseils précieux à leurs clients. 

Grâce aux compteurs communicants et à l’analyse des données par algorithme, certaines banques sont ainsi en mesure d’intégrer dans leur application : 

  • Un suivi quotidien de la consommation énergétique de leurs clients 
  • Une comparaison avec des foyers similaires 
  • La désagrégation de leur consommation par usage 
  • Des conseils personnalisés pour réduire cette consommation. 

En intégrant ce type d’informations dans leur application, les banques permettent à leurs clients particuliers de faire davantage le lien entre leur consommation énergétique et leur budget et les incitent donc à réaliser des économies.  

Les fournisseurs d’énergie et leurs partenaires facilitent ainsi l’accès aux données de consommation énergétique par l’intermédiaire d’une application que les clients suivent parfois toutes les semaines voire tous les jours, soit un rythme souvent plus élevé que l’application de leur fournisseur d’énergie. 

En contrepartie, ces collaborations permettent aux banques de se positionner comme des acteurs majeurs dans la promotion de pratiques énergétiques responsables et de recommander des solutions de financement pertinentes issues de leur portefeuille d’offres bancaires. 

L’intelligence artificielle comme levier pour accompagner la transition énergétique

L'intégration de technologies telles que l'intelligence artificielle (IA) représente une opportunité majeure pour les banques dans leur soutien à la transition énergétique. En effet, avec des solutions comme le moteur de calcul basé sur l’IA de Datanumia, les banques pourraient apporter des recommandations personnalisées à leurs clients, cohérentes avec leur budget et leur capacité d’investissement, les guidant ainsi au mieux selon leurs moyens pour les aider à réduire leurs factures énergétiques.  

Notre moteur analyse les données de consommation, les facteurs environnementaux comme la météo, et d’autres paramètres pour fournir des recommandations personnalisées aux particuliers. En utilisant cette technologie, les banques pourraient ainsi : 

  • Réduire les factures énergétiques de leurs clients. 
  • Améliorer la performance énergétique des biens immobiliers. 
  • Baisser les émissions de CO2 de leurs clients, contribuant ainsi à la lutte contre le changement climatique. 
  • Recommander des solutions de financement pertinentes avec les besoins énergétiques de leurs clients et leurs capacités d’investissement 

Cet outil permet notamment d’estimer les économies potentielles en kWh, en euros et en CO2 pour chaque action recommandée. Il s'inscrit pleinement dans les objectifs des banques qui cherchent à être des acteurs de la transition énergétique durable. 

Conclusion

Le secteur bancaire joue un rôle essentiel dans la transition énergétique. En réduisant leur propre consommation et en accompagnant leurs clients dans leurs efforts pour devenir plus efficaces énergétiquement, les banques peuvent avoir un impact majeur. L'utilisation de technologies innovantes comme l'IA, les partenariats technologiques et une meilleure exploitation des données permettront aux banques de se positionner comme des leaders de la transformation énergétique. En adoptant ces stratégies, les banques contribuent non seulement à la réduction des émissions de CO2, mais aussi à l'amélioration de la valeur des actifs immobiliers et à une meilleure performance environnementale de leurs clients. 

 

Crédit : Sergey Molchenko - Shutterstock

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